La direction des travaux changera de mains

La qualité du projet lauréat, ni ses principales caractéristiques, à savoir le concept de Schaudepot, ne sont remises en question. Le projet restera, dans les grandes lignes, le même. La direction des travaux sera cependant assumée par un nouveau bureau d’architecture.

Le lauréat du mandat d’études parallèles avait pour tâche d’élaborer l’avant-projet, de réaliser un premier devis pour le coût des travaux, ainsi que d’effectuer la demande d’autorisation de construire. Commencée il y a trente-six mois, cette étape contractuelle, signée à l’époque avec la Commune de Sainte-Croix, est arrivée à son terme. Le projet, nanti d’un permis de construire et dont le financement, actuellement manquant, est désormais couvert par une ligne de crédit communale, peut donc entrer dans sa phase de réalisation.

Cette étape sera dorénavant sous la responsabilité du Comité de pilotage (COPIL) du projet de musée unique. Un nouveau contrat doit donc être signé entre la Fondation du CIMA (qui deviendra la Fondation du musée unique lors de la création de ce dernier, ndlr) et la direction des travaux. En règle générale, dans notre pays du moins, le concepteur du projet assume également cette fonction et poursuit son mandat jusqu’à la remise du projet aux propriétaires. En l’occurrence, c’est une autre voie qui a été choisie. « Au moment d’aborder la prochaine phase du projet, il nous est apparu qu’il ne serait peut-être pas idéal pour toutes les parties de poursuivre la collaboration avec LVPH. Nous avons donc sollicité une réunion le 12 octobre avec ce bureau pour faire le point », explique le syndic sainte-crix Cédric Roten. La réunion s’est déroulée en présence également de représentants de la Commission de construction du COPIL. « À l’issue de cette dernière, nous avons pris la décision, partagée par l’ensemble des parties présentes, de soumettre le suivi et la direction du chantier à un nouveau bureau », annonce-t-il.

Les raisons ? « Nous n’avions pas les mêmes avis sur la possibilité de respecter les délais et les coûts fixés », réagit Laurent Vuilleumier du bureau LVPH. « Nous avons effectivement imposé un planning exigeant. Nous voulons débuter les travaux en 2022 pour ouvrir le musée en 2023. Il est nécessaire que nous mettions un coup d’accélérateur pour y arriver. Il nous a semblé que le bureau LVPH, dont les compétences ne sont pas à remettre en question, ne pouvait pas nous offrir cette garantie », explique Cédric Roten.

Un budget non extensible

Sur le plan financier, ce sont les pistes d’économies possibles qui ont fait l’objet de discussions. « Nous avons proposé des économies et cela n’a pas été retenu par le maître d’ouvrage », indique l’architecte. « Il est toujours difficile pour le concepteur d’un projet architectural, et on le comprend, de devoir faire des coupes dans sa création. Nous pensons qu’un bureau externe sera moins impliqué d’un point de vue émotionnel. Il pourra donc plus facilement trouver des solutions pour tenir notre budget », explique Cédric Roten. Ce dernier s’élève à 9,860 millions de francs, toutes étapes confondues, y compris le rachat de la collection Baud. « Il n’est pas extensible. Nous devons avancer avec toutes les précautions voulues. Nous nous devons de respecter nos promesses et engagements auprès de toutes les personnes qui nous ont fait confiance jusqu’à ce jour », explique de son côté Robert Martin, président du COPIL.

« La décision de stopper la collaboration à ce stade n’a pas été facile à prendre. Nous avions la volonté de travailler avec le lauréat du concours jusqu’au bout. Mais au vu de ces éléments, il nous a paru plus sage de stopper ici », complète le syndic. « Il est toujours difficile de voir un mandat s’arrêter, surtout lorsqu’on y a mis beaucoup d’énergie, mais de savoir que le projet continue, même sans nous et avec des adaptations, est essentiel pour le maintien des collections », retient de son côté l’architecte Laurent Vuilleumier.

Cinq bureaux sollicités

Le Comité de pilotage reprend donc la main dès cette étape. Un appel d’offres sur invitation, pour la partie planification définitive et suivi de chantier, comprenant la maîtrise d’œuvre d’exécution des travaux, a été envoyé à cinq bureaux dont deux de la place. « Ces derniers n’ont pas souhaité soumissionner », annonce Robert Martin. L’un des deux, le bureau Gueissaz-Lopez, s’est d’ailleurs spontanément récusé pour éviter tout conflit d’intérêts (Séverine Gueissaz, épouse de l’architecte Philippe Gueissaz est membre du Comité de pilotage du projet ndlr). « Ce bureau a d’emblée senti le risque d’amalgame dans le cas où il aurait été mandaté pour prendre la direction du chantier. Nous apprécions leur probité. Ceci dit, nous pouvons également regretter cette décision car nous avons pu constater, dans plusieurs projets régionaux, le sérieux avec lequel travaille ce bureau », souligne le président.

Une délégation du COPIL, composée de Robert Martin, du municipal sainte-crix Sylvain Fasola, d’Olivier Guignard, cheville ouvrière du projet depuis ses débuts, et présidée par Bernard Zurbuchen, aide au maître de l’ouvrage, sera en charge d’analyser les offres et de choisir le bureau qui suivra la réalisation des travaux. « Nous avons la volonté de ne pas foncer tête baissée. Nous avons besoin de constituer un partenariat fort qui nous permettra d’avancer avec confiance et de respecter le planning et l’enveloppe budgétaire du projet », explique Robert Martin. Le lauréat devrait être désigné d’ici la fin de l’année. Les travaux débuteront en 2022 et le futur musée, qui prendra place dans le bâtiment occupé par le CIMA, devrait ouvrir, comme prévu, en 2023.

A. Müller

 

 

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