La mue du futur écrin des boîtes à musique et automates avance à grands pas

Texte: David Genillard
Photos: Odile Meylan

La mue du futur écrin des boîtes à musique et automates avance à grands pas et sa mise en scène se précise. Reportage.

Bernard Zurbuchen, architecte en charge du suivi du chantier et Diane Esselborn, directrice du futur musée en dévoilent un peu plus sur la mise en scène des collections.

Au rez, les bruyants orchestrions de la collection Baud. À l’étage, une salle dédiée aux sons, emplie de boîtes à musique. Plus loin, une autre placée sous le signe du mouvement et peuplée d’automates fascinants. Une autre encore qui montre comment le village a su se réinventer face au déclin de la boîte à musique, avec ses machines à écrire Hermès, ses tourne-disques et ses caméras.

Entre les murs nus de l’ancienne fabrique de boîtes à musique Paillard et dans le brouhaha des travaux, il faut une bonne dose d’imagination pour se représenter le visage du futur musée unique de Sainte-Croix, sobrement baptisé «le musée». Mais sa directrice, Diane Esselborn, et Bernard Zurbuchen, architecte en charge du suivi du projet, ont l’art de nous transporter dans l’avenir proche en déambulant sur le chantier. Dans une dizaine de mois, le Centre international de mécanique d’art (CIMA) aura terminé sa mue et accueillera également sous son toit les collections du Musée Baud et celles du Musée des Arts et Sciences de Sainte-Croix.

Sur les pas des ouvriers

On n’y accédera plus depuis le côté de la bâtisse: les visiteurs fouleront l’escalier que les ouvriers empruntaient jusqu’en 1989. Une fois la porte poussée, on pourra embrasser du regard les dimensions de l’usine historique: «C’est le seul point qui permet de voir l’intérieur du bâtiment sur toute sa longueur», décrit Bernard Zurbuchen.

On s’étonne lorsque l’architecte annonce que le calendrier est tenu. La remise des clés est prévue en décembre mais murs et plafonds paraissent encore bien bruts. «Et ils le resteront, poursuit Bernard Zurbuchen. Sur le parcours de visite, les installations techniques aux plafonds seront visibles. Les traces d’usures, les petits dégâts ne seront pas réparés… Le but est de créer une ambiance d’atelier, pour rappeler l’histoire de ce lieu.»

Quelques exceptions toutefois: «Les différentes salles thématiques donneront l’impression de pages blanches, décrit Diane Esselborn. Celles-ci ne seront accessibles que lors de présentations guidées, les différents objets exposés devant être manipulés avec précaution.»

Collections en vitrine

Il sera malgré tout possible de découvrir le nouveau musée à son rythme puisqu’un parcours de visite libre sera aussi proposé. Il serpentera au milieu des impressionnantes collections des trois institutions qui seront visibles en permanence, grâce à un concept de Schaudepot, déjà appliqué notamment au Musée historique de Lucerne ou au Vitra Design Museum, près de la frontière bâloise. «Les murs entourant les salles seront transformés en vitrines», décrit Diane Esselborn.

Au total, ce sont 15’000 objets qui seront réunis dans ce nouvel écrin, sur trois étages. Une gageure lorsque l’on sait que le CIMA en comptait déjà environ 7000. «Le concept de Schaudepot nous permet justement d’optimiser l’espace, mais également de nous éviter la construction d’un bâtiment supplémentaire pour nos dépôts», précise la directrice. La nouvelle scénographie laissera même assez d’espace au musée pour continuer de grandir. «Nous avons profité de la fermeture du CIMA et de la réorganisation pour mettre en place une vraie politique d’acquisition, qui nous permettra, par exemple, d’éviter les doublons», ajoute la directrice.

Le musée devrait ouvrir ses portes à la mi-mai ou début juin 2024, estime Diane Esselborn. Objectif en termes de fréquentation? Franchir la barre des 20’000 visiteurs annuels. «Le CIMA tournait à un peu moins de 20’000, mais nous avons constaté une baisse les dernières années: avec trois musées distincts dédiés au patrimoine sainte-crix, il y avait forcément une concurrence. D’où l’idée de les réunir. On constate en tout cas que la mécanique d’art, inscrite depuis 2020 avec le savoir-faire horloger au patrimoine immatériel de l’Unesco, exerce un attrait.»

 

 

Le plus dur viendra quand on emballera la collection
Arlette Baud évoque une page qui se tourne. On serait tenté de parler de la fin d’un chapitre, voire de tout un tome. Dès janvier, la collection amassée par la famille Baud depuis 1946 quittera les murs du musée familial pour rejoindre ceux du nouveau musée unique de Sainte-Croix: la fondation du CIMA l’a acquise pour 2 millions de francs.
C’est un pan essentiel du patrimoine familial qui entame une nouvelle vie: «Mon grand-père a commencé à réparer des boîtes à musique, raconte la Sainte-Crix. Quand mon père a repris l’atelier en s’associant avec ses frères, il a rapidement eu la volonté de créer un musée pour montrer leur travail.» Le rêve est devenu réalité en 1955.
Huit années plus tard, c’est Arlette Baud qui reprenait la gestion de l’institution et a maintenu la barre durant 60 ans, continuant à faire grandir et à valoriser la collection de boîtes à musique, d’automates et d’orchestrions.
Alors c’est forcément avec une forte émotion qu’elle se prépare au déménagement. «C’est une bonne chose que ces objets restent à Sainte-Croix et c’est un beau projet, réagit celle qui siège au comité de pilotage du projet du Musée unique. On en parle depuis dix ans et je me réjouis de voir le résultat. Mais le plus dur viendra au moment où nous commencerons à emballer ces objets, en janvier.»Dans l’immédiat, le musée Baud reste ouvert et permet de les admirer dans leur écrin historique, du mardi au dimanche, dès 14 h. DGE   www.museebaud.ch

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