Les boîtes à musique ne résonneront plus au Musée Baud

Texte: Frédéric Ravussin
Photos: J.-P. Guinnard

La collection est soigneusement emballée en vue de son transfert vers le futur musée unique de Sainte-Croix. Une page d’histoire se tourne à L’Auberson.

Englobé dans le nouveau musée de Sainte-Croix (MuMAPS), le Musée Baud de L’Auberson disparaît avec le déménagement de sa collection d’automates de gare parfois centenaires. Arlette Baud, codirectrice du musée (à droite) et Séverine Gueissaz, membre de la fondation du MuMAPS, emballent les automates pour le déménagement.

Scotch, ciseaux, papier bulle et papier de soie posés devant elles sur une grande table, c’est un peu l’histoire de L’Auberson et de toute la région qu’Arlette Baud et Séverine Gueissaz mettent précautionneusement en boîte ce jeudi matin d’hiver.

Soigneusement étiquetés et numérotés, les outils, machines-outils et objets d’art qui constituent la collection du Musée Baud sont emballés, sous le regard impassible de deux musiciens de bois qui ont dû trôner jadis dans un hall de gare ou dans un restaurant.

L’œuvre d’une vie

Les yeux figés de ce fifre et de ce tambour d’une autre époque contrastent pleinement avec l’émotion qui emplit ceux d’Arlette Baud lorsqu’elle évoque le passé de ce musée quasi septuagénaire. C’est que c’est littéralement l’œuvre de toute une vie – celle de sa famille – qui se prépare pour un transfert vers le nouveau Musée de la mécanique d’art et patrimoine de Sainte-Croix (MuMAPS). Ce dernier rassemblera dès ce printemps cette collection et celles du Musée des arts et sciences et du CIMA.

«On comprend l’importance que revêt pour elle cette étape», glisse gentiment Séverine Gueissaz, membre du comité de pilotage. Inauguré le 2 octobre 1955, le Musée Baud doit tout à son père, Frédy, et ses oncles, Robert et Auguste. «Mon grand-père déjà réparait des boîtes à musique et depuis tout petit, mon papa rêvait d’un musée où il pourrait montrer à la jeune génération ce que les anciens faisaient», explique Arlette Baud, codirectrice de l’institution avec Michel Bourgoz.

Fermé depuis le 31 décembre

Exception faite d’une parenthèse linguistique de huit ans, elle a toujours vécu dans ce monde fait d’orchestrions, de gramophones, d’automates, d’horloges, de montres, d’orgues de Barbarie ou de tableaux animés qui rappellent le savoir-faire local, quand bien même beaucoup ont été manufacturés loin du balcon du Jura.

C’est ainsi, avec un émoi non feint, qu’elle a conduit son petit-fils au milieu de tous ces objets merveilleux pour ce qui allait être sa dernière visite guidée, le 28 décembre. Trois jours plus tard, le rideau tombait définitivement sur le Musée Baud et ses 240 pièces, dont le transfert des plus volumineuses a été confié aux bons soins de deux facteurs d’orgue zurichois.

«Je suis contente que Séverine soit à mes côtés, car même s’il faut savoir lâcher prise, surtout quand on a 83 ans et qu’on a passé soixante ans dans ce musée, ça fait quelque chose», concède-t-elle sobrement. Si ses yeux captent une fois encore les objets encore en place et la demi-douzaine d’orchestrions qui ne déménageront pas, ses pensées vont vers son père. «Je pense qu’il doit être soulagé que la collection reste dans le coin.» Et de conclure, non sans humour: «Même s’il aurait sûrement dit que quand même, ce sont les objets des deux autres musées qui auraient pu venir à L’Auberson.»

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